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Dans son billet dans Libération, Lionel Charrier dénonce la récente réorganisation du ministère, reléguant la délégation à la photographie au rang de bureau. L’attaque n’est pas frontale mais c’est une nouvelle fois une forme de dédain. Après le projet de loi de sécurité globale et ses dégâts sur les métiers de l’image, cette décision est un nouveau coup. Qui fait mal.
» La délégation à la photographie a été réduite au rang de simple «bureau». Une sous-catégorie dans les arcanes ministériels. Or il est grand temps de sauver la photographie.
Ce gouvernement a décidément un sérieux problème avec l’image et la photographie. Qu’on en juge : c’est en catimini que le 31 décembre au matin a été publié au Journal officiel un décret de réorganisation du ministère de la Culture reléguant la délégation à la photographie au rang de simple «bureau».
Une sous-catégorie dans les arcanes ministériels.
Or il est grand temps de sauver la photographie.
Après avoir vu sa liberté d’informer malmenée dans la rue par la loi sécurité globale, la photographie voit maintenant son statut en prendre un sérieux coup. Il a fallu des années pour que la Culture, se rendant peu à peu compte de l’importance des enjeux et des difficultés d’une profession en voie de paupérisation, finisse par créer un département en son sein qui lui est dédié, au même titre que la danse, la musique ou le théâtre. L’initiative lancée par Frédéric Mitterrand avait mis cinq ans pour se concrétiser sous Françoise Nyssen. Elle est finalement balayée d’un revers de main trois ans plus tard par Roselyne Bachelot.
Le Centre national de la photographie
Photographes et agences ont pourtant multiplié les tribunes pour alerter les pouvoirs publics et nous les avons abondamment relayées dans nos pages. Pour essayer de comprendre les maux qui rongent la profession, les gouvernements ont successivement lancé des assises, des observatoires et dernièrement un «parlement de la photographie». La réponse à ce branle-bas de combat est cinglante : la photographie est reléguée au rang de sous-catégorie, de sous-art. Au moins, cela a le mérite de clore cet éternel débat : la photographie est-elle un art ? Le photographe Gustave Legray, fondateur de la Société française de photographie, qui a participé à la première grande commande française en 1851 (la mission héliographique), émettait le voeu que «la photographie, au lieu de tomber dans le domaine de l’industrie, du commerce, rentre dans celui de l’art». Il doit se retourner dans sa tombe et tous les photographes avec lui.
Pourtant, une solution évidente est sous nos yeux. Nul besoin de faire d’énièmes rapports ou autres commissions. Le constat est évident et déjà connu depuis longtemps: il faut un organisme fort pour cette expression artistique dont la France est le berceau. Il est encore temps de recréer le Centre national de la photographie calqué sur le modèle du Centre national de la cinématographie (CNC) pour soutenir la création et sa diffusion, et avoir un véritable outil pour développer une politique publique. Au mois de mai dernier, Emmanuel Macron avait promis une commande nationale de grande ampleur, mais au-delà de cette promesse non tenue, c’est un système de financement et de diffusion global et pérenne qu’il faut mettre en place. Le CNC a sauvé le cinéma français, il est encore temps de sauver la photographie et le potentiel économique grandissant dans un monde numérique qui ne peut exister sans images et donc sans ses producteurs d’images. «
Par Lionel Charrier pour Libération
⮞ L’article: www.liberation.fr/culture/2021/01/16/la-photographie-retrogradee-au-sein-du-ministere-de-la-culture_1817799/